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Fondatrice de l’agence de voyages dédiée aux pays de l’Est Est Evasion, Annemarie Hoarau a fait de l’authenticité la marque de fabrique de propositions de voyage qui sont, pour elle, autant de coups de cœur. Rencontre avec une passionnée qui nous rappelle combien ces destinations, trop discrètes sur le “marché”, ont à offrir au visiteur…
Voyageons Autrement : De quelle passion est né « Est Evasion» ?
Annemarie Hoarau : De ma passion pour les voyages. Et également pour mon pays d’origine, la Roumanie, dont j’ai expliqué des années durant aux gens à quel point cette nation qui avait souffert sous le communisme avait des trésors à proposer à ceux qui s’y rendaient. Suite à mes bons conseils, l’entreprise où je travaillais m’a confié l’organisation de voyages via le C.E. et, en conséquence, beaucoup de monde est alors venu me trouver pour que je m’occupe de son voyage personnel en Europe de l’Est. « Tu devrais ouvrir ton agence » me disaient-ils tous ; si bien que j’ai fini par le faire : me préparant durant plus d’un an, voyageant pour préparer mes circuits et nouer des contacts avec des partenaires locaux fiables et impliqués, comme moi : à 300% ! Et puis voilà, il y a quelques mois, licence en poche, je me suis lancée. Est Evasion est née…
VA : Quelles destinations proposez-vous ?
AH : La Roumanie bien sûr, que je connais si bien, et les pays alentour : Serbie, Bulgarie, Slovénie, Bosnie Herzégovine, Monténégro et Macédoine puis, bientôt, l’Albanie et la Croatie, autant de destinations donc dans lesquelles j’ai cherché et trouvé des partenaires locaux connaissant parfaitement leur territoire et travaillant surtout dans le même état d’esprit que moi.
VA : Justement, qu’est-ce qui caractérise l’esprit de vos voyages et en fait la particularité ?
AH : Je dirais l’authenticité. Raison pour laquelle monter ces voyages, le plus souvent sur mesure, mais aussi parfois en aménageant des propositions existantes de mes partenaires locaux, m’a pris tant de temps. Je ne voulais pas que le choix des itinéraires, des hébergements et des rencontres soient motivés par le seul aspect pratique mais ouvrent sur une véritable approche du pays et de vraies rencontres avec les artisans, producteurs locaux ou familles qui vous hébergent. Sachant que pour les plus jeunes, ces pays représentant de formidables terrains de jeux outdoor, j’ai également mis à mon catalogue un certain nombre de voyages à caractère sportif : VTT, randonnées, rafting, escalade, etc.
VA : En quoi ces destinations sont-elles différentes de ce que les gens connaissent et quels sont leurs principaux atouts ?
AH : Déjà, ces pays sont très mal connus. Souvent, les gens pensent que Budapest est la capitale de la Roumanie (alors que c’est Bucarest) et très peu d’entre eux savent où se situe la Slovénie, qui n’est pourtant qu’à 6h de route de Nice, juste après l’Italie (au point que certains vont y passer le week-end pour trouver un vrai dépaysement !). Néanmoins, un des « avantages » d’avoir appartenu longtemps au bloc communiste est que ces pays, pour résister et conserver leur identité, se sont accrochés à leurs traditions et ont su préserver leur culture bien mieux que beaucoup d’autres. De même d’ailleurs que le sens de la fête et des réjouissances ! Ce qui fait que c’est un vrai bonheur (que les habitants vous convient très spontanément à partager) de visiter ces pays au moment des grandes fêtes : Noël, Pâques, etc.
Dans le nord de la Roumanie, par exemple, Noël est non seulement très festif, mais les habitants prennent plaisir à revêtir durant cette période leurs habits traditionnels ; toutes les villes et surtout les villages étant alors très animées et attractives, même pour les plus jeunes. Et il ne faut pas perdre de vue que la nature y a été bien mieux préservée qu’en Europe occidentale. Avec une variété de paysages étonnante : mer, montagnes, lacs et rivières pour la seule Roumanie où le delta du Danube, parc national et patrimoine mondial de l’Unesco, regroupe plus de 300 espèces d’oiseaux.
Et dès que l’on commence à s’intéresser au patrimoine culturel, les superbes monastères de la région de Moldavie par exemple, on en a pour des jours et des jours de découvertes étonnantes…
Enfin, un certain nombre de personnes, mal informées, pensent qu’il règne en Europe de l’Est une certaine insécurité (« c’est plein de pickpockets » s’imaginent les uns, « d’attaques armés » ajoutent d’autres). Alors que RIEN de tel ne se produit en réalité et que les rues de Belgrade ou Bucarest sont parfaitement sûres. Aucun problème de ce côté, vraiment.
VA : Comment votre engagement en faveur d’un tourisme plus responsable se traduit-il dans vos offres ?
AH : Ce que recherchent les gens avant tout, c’est l’authenticité. Authenticité de ce qu’ils voient, authenticité de la culture rencontrée et des rencontres effectuées. Je les dirige donc tout naturellement vers des lieux et des personnes répondant à ce critère. La Slovénie, par exemple, est le pays le plus vert d’Europe, ayant fait aujourd’hui de sa politique de respect de la nature un atout commercial. Et c’est bien. Les gens vers qui je dirige mes clients sont impliqués dans la préservation des traditions comme de la nature et en sont les acteurs. Ils vous guident donc vers des marchés, des artisans ou encore des restaurateurs travaillant dans le respect des règles et de la qualité naturelle. C’est est d’autant plus courant en Europe de l’Est que, pour survivre, chacun devait entretenir son petit lopin de terre ; le contact avec la nature et son apport essentiel reste donc très présent. Je propose par ailleurs à qui le souhaite de demeurer chez l’habitant : maison et chambres d’hôtes où le visiteur est roi, immergé dans le bel esprit familial et invité à participer à diverses activités s’il le souhaite : récoltes, confection du fromage, découverte de la cuisine au feu de bois… Etonnés, bluffés, accueillis de la sorte, les gens ne veulent plus repartir !
VA : A quelles clientèles vous adressez-vous en priorité ?
AH : Au départ, aux seuls francophones, mais les Anglophones (tous les non-francophones, en fait) ont été si nombreux à répondre qu’il m’a fallu traduire mon site en anglais. Sinon, je dirais, en priorité, les couples, les seniors et les groupes d’amis avides de découvertes, sans oublier les plus jeunes, attirés par les activités sportives, de la nature et également par les city breaks, les villes de l’Est regorgeant de festivals de musique l’été…
VA : Si vous deviez évoquer votre proposition de voyage préférée, ce serait laquelle et pourquoi ?
AH : Déjà, je n’ai retenu dans mon catalogue que des coups de cœur ! Soit que j’ai entièrement construits, soit que j’ai aménagées à ma façon à partir de produits locaux existants, sachant qu’à terme, je créerais l’intégralité de ce que je propose. Partant de là, j’irai au plus simple : la découverte de Bucarest, capitale de la Roumanie, associée à la visite du château de Dracula et au parc naturel voisin où l’on peut observer les ours est déjà un régal. De même que la découverte très sensuelle de la Serbie : beaucoup de culture, de dégustation, des ballades en vieux train et en bateau très dépaysantes… Puis j’évoquerais les offres bien-être : hyper-compétitives. La Roumanie et la Slovénie comptent de nombreuses stations thermales où l’on propose des soins de qualité à des prix absolument imbattables, sur le splendide lac de Bled, par exemple, en Slovénie.
VA : En fin de voyage, qu’est-ce que les gens vous disent avoir le plus apprécié ?
AH : Ne connaissant pas la destination, ils sont souvent curieux mais…sceptiques. Lorsque j’accompagne les groupes, je guette donc les visages… plutôt fermés au départ. Et je les vois s’ouvrir chaque jour d’avantage au contact de la beauté, des découvertes, de l’accueil reçu comme du très bon rapport qualité-prix : quand vous faites un super repas, avec boissons, desserts et café compris pour 10 à 15 euros maximum, cela fait du bien. Idem la qualité du service et de l’accueil dans les pensions (maison d’hôtes). Alors, quand, après plusieurs jours, on arrive dans les splendides villes médiévales de la Transylvanie, c’est l’extase ! Il y a comme une montée en puissance progressive des émotions qui représente un atout supplémentaire. Alors, quand on rentre, les langues se délient. Au point qu’un couple qui avait hésité à partir avec notre groupe en a tellement entendu parler « après » qu’il a décidé de partir à son tour sur nos pas, en suivant mes conseils à la lettre!!
VA : De quoi n’a-t-on pas parlé qui vous soit cher ?
AH : Mon vœu le plus cher est que la Roumanie et les pays de l’Europe de l’Est deviennent dans les années à venir des destinations «en vogue», à la hauteur de leur potentiel attractif si important. Il suffit juste pour cela que l’on en parle un peu plus ; l’essentiel existant sur place, de même que les vols directs.
Tant de personnes sentent que ces destinations plus « discrètes » sont magnifiques, mais n’osent pas franchir le pas. Il suffit d’oser ! Tous ceux qui l’ont fait en ont été largement récompensés…